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Albussac

Le combat des Murels du 31 juillet 1944

Contexte historique général

A partir de fin 1942 et jusqu’en avril 1944, comme un peu partout en France, des jeunes hommes engagés dans la Résistance et/ou refusant de partir au STO (Service du Travail Obligatoire) en Allemagne, pourchassés par la Gestapo et/ou la police française, sont d’abord placés dans des demeures à la campagne, puis isolément dans la nature pour des raisons de sécurité. Afin d’assurer leur survie matérielle, ils sont regroupés dans différents camps de maquis, placés sous le commandement des chefs de l’Armée Secrète (A.S.) et de l’O.R.A. (Organisation de Résistance de l’Armée). Le capitaine Marius Guedin, connu dans la Résistance sous le nom de « Capitaine Georges », aidé par son adjoint et ami René Vaujour (alias Hervé), organise les 33 maquis de la Basse-Corrèze, dont celui de Ménoire ; tous n’existeront pas simultanément et seront souvent amenés à se déplacer pour éviter de se faire repérer.

L’effectif moyen d’un camp de maquis était celui d’une section, soit environ une quarantaine d’hommes. Vers la fin, certains ont pu atteindre celui d’un bataillon, soit de 300 à 1 200. On estime à environ 2 400 hommes l’effectif des maquis de Basse-Corrèze en avril 1944.

Ces jeunes gens, plus ou moins initiés à l’art de la guerre, étaient la plupart du temps affectés à « la réception d’armes parachutées, à leur transport et à des coups de main de peu d’importance. »

Source « Archives de l’Etat-Major départemental A.S. Basse-Corrèze et Brigade des A.S. » sur le site https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/

Contexte historique local

Le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie rebat les cartes de toutes les résistances en France. A partir du 10 juin, réorganisation des unités qui se resserrent autour de Lagleygeolle (5 km au nord de Meyssac) avec pour mission : harcèlement de l’ennemi, embuscades, destructions. Un gigantesque parachutage de 400 tonnes d’armes et de munitions sur le plateau de Moustoulat au matin du 14 juillet 1944 (dans le cadre de l’opération Cadillac) mobilise l’ensemble des maquis et de nombreux civils. Ce même jour, la 10e Compagnie de l’Armée Secrète (A.S.) est réorganisée en quatre bataillons qui existeront jusqu’à la Libération : A.S. de Cœur (Cdt Romain), A.S. de Pique (Cdt Germain), A.S. de Trèfle (Cdt Pierre) et A.S. de Carreau (Cap. Chevalier). Ce dernier englobe le maquis de Ménoire qui intervient ce 31 juillet 1944 au lieu-dit Les Murels du village de Prézat sur la commune d’Albussac. La suite des évènements est à lire dans le témoignage de Jean Bordes, jeune Albussacois de 17 ans au moment des faits.



L’embuscade des Murels

Extrait du discours de Jean Bordes prononcé à la cérémonie du 31 juillet 2008 : […] Le 31 juillet, dès 8 heures du matin, un convoi m’est signalé à Saint-Chamant. Je pars prévenir le groupe A.S. de Carreau de Ménoire. La consigne est donnée de dresser une embuscade sur la RN 680, vers les Murels, aussi loin que possible des habitations. Notre groupe, une quinzaine d’hommes, accompagné par Henri Laffaire, de Ménoire rejoint la position prévue… « Amis, descendez des collines… » Je me souviens, je me suis souvenu bien des fois de cette « promenade » par un beau soleil par Neuville, Prézat, le Moulin de Prézat puis la nationale. Nous arrivons vers midi. Un premier poste doté d’un de nos deux fusils mitrailleurs se met en place sur la butte en face de nous, alors qu’un deuxième groupe part se positionner vers le tournant 200 m plus en aval. Ma mission accomplie, je me prépare à partir lorsque débouche le convoi allemand et, immédiatement, nous nous trouvons sous le tir de leurs mitrailleuses lourdes… Quel dur baptême du feu ! »

En milieu de ce lundi après-midi, après un âpre combat, la colonne allemande fait demi-tour mais laisse derrière elle cinq tués. Leurs camarades attendent le soir pour venir les chercher et les ramener à Ménoire, où sont établis les actes de décès de ces désormais cinq « Morts pour la France ». Une chapelle ardente est dressée, veillée par une garde d’honneur, dans la grange Laurensou. Quelques habitants de Ménoire et d’Albussac défileront devant les cinq dépouilles. Alberte Grouille, née Bouthouyrie, 11 ans au moment des faits, se souvient : « Les hommes de Ménoire ont procédé à la toilette mortuaire de ces pauvres garçons dont les corps avaient été bien abîmés. Madame Laurensou a fourni des draps pour leur servir de linceuls et les jeunes filles de Ménoire sont allées cueillir quantité de fleurs pour garnir la grange. Un gradé du maquis est venu prononcer un discours qui se terminait par :  ̎Mes enfants, vous serez vengés ̎ ».

A l’initiative de l’abbé Lapeyre, curé d’Albussac, et grâce à une souscription des habitants d’Albussac, un monument commémoratif est érigé sur les lieux même des combats dès la fin de la guerre. Depuis 1946, une cérémonie s’y déroule chaque année le dimanche précédant le 31 juillet.

Les victimes

Certains actes de décès établis dans la précipitation et le désarroi de leurs camarades au camps de base du maquis de Ménoire comportent des erreurs de date et/ou d’orthographe des patronymes

René Bouillac

Né le 20 février 1922 à Sainte-Fortunade (Corrèze) – Mort pour la France à l’âge de 22 ans et 5 mois

Fils unique d’un boulanger à Tulle, René aurait sans doute exercé le métier de son père. Marié à une Tulliste, Marie-Jeanne Borie, en octobre 1941, il s’est engagé le 29 juin 1944 dans le maquis. Tué un mois plus tard, il ne connaitra jamais son fils, né le 17 octobre 1944 et prénommé René en son hommage. Cet enfant post-mortem aura pour parrain le curé de Ménoire, l’abbé De Murel, qui, par humanisme et patriotisme, avait accueilli de nombreux résistants dans son presbytère. Emues par le sort du petit orphelin de père, les jeunes filles de Ménoire lui brodèrent une parure de berceau. La reconnaissance de son statut de « Pupille de la nation » engendra de nombreux actes officiels et des décorations post-mortem décernées à son père. L’ensemble de cette documentation a été précieusement conservé par René (Junior) décédé en 2014, son épouse Raymonde et leur fille Nathalie.

Archives : Acte de naissance    Acte de décès   Courrier annonce décès   Engagement AS   Citation croix de guerre   Avis d’attribution médaille militaire   Photo 2 médailles   Photo médaille militaire (revers)   Photo René et Marie-Jeanne Bouillac   Carte membre Marie-Jeanne Bouillac

Fernand Touzet

Né le 14 décembre 1922 à Saint-Germain-Beaupré (Creuse) – Mort pour la France à l’âge de 21 ans et 7 mois.

Fils d’un cheminot et d’une garde-barrière, Fernand a vu le jour à Forgevieille, dans la commune de Saint-Germain-Beaupré (Creuse), où ses parents étaient affectés au moment de sa naissance. Quatrième d’une fratrie de six, il était parti travailler au sud de Toulouse dans la ferme d’un de ses beaux-frères, le père de Jean-Claude Bourdie (8 ans au moment des faits) qui nous a transmis plusieurs photos de lui. Ce neveu nous a aussi confié que Fernand, garçon débrouillard et rieur, était finalement revenu à la demande de sa mère à Tulle, où ses parents s’étaient fixés. Il était alors entré à l’usine de La Marque (son nom figure sur la plaque commémorative de l’ancienne usine dédiée : « A nos camarades morts pour la Libération – 1940-1945 ») et avait intégré un groupe folklorique, « L’Ecole Ventadour », en tant que joueur de cabrette (cornemuse auvergnate). Il s’est engagé dans le maquis le 09 juin 1944, au soir du « Massacre de Tulle ».

Archives :   Acte de naissance   Acte de décès   Engagement AS   Photo mémorial la Marque   Photo1   Photo2   Photo3   Photo4   Photo5

Henri Pradel

Né le 15 avril 1904 à Beaulieu-sur-Dordogne (Corrèze) – Mort pour la France à l’âge de 40 ans et 3 mois.

Aîné d’une fratrie de sept frères et sœurs, Henri est aussi le plus âgé des cinq maquisards morts au feu le 31 juillet 1944. Peut-être leur chef ce jour-là… Un document des archives de l’Armée Secrète indique qu’il avait demandé qu’en cas de décès, on prévienne la famille de sa sœur Marie-Louise De Ventura, femme très active dans la résistance bellaucoise. Son acte de décès mentionne « Ouvrier » à la ligne profession. Avant la guerre, il travaillait comme ses frères en tant que chauffeur dans la compagnie des bus et taxis de son père à Beaulieu-sur-Dordogne. Jean-Loup Pradel, l’un de ses neveux, nous a confié qu’en 1940, Henri s’était offert pour remplacer son frère André (le père de Jean-Loup) fait prisonnier par les Allemands. Sa proposition resta bien évidemment sans réponse et Henri partit s’engager dans le maquis… André ne rentra qu’au bout de cinq ans et demi de captivité en Allemagne. Malgré les efforts de sa famille, il n’a malheureusement pas été possible de retrouver une photographie d’Henri.

Archives : Acte de naissance   Acte de décès   Acte de décès (transcription)

Henri Combe

Né le 05 août 1923 à Bellerive-sur- Allier (Allier) – Mort pour la France à l’âge de 20 ans et 11 mois.

Henri est né dans l’Allier, département d’origine de sa mère, dans la commune où ses parents s’étaient mariés. Au début des années 1930, la famille revient s’installer à Beaulieu-sur-Dordogne (Corrèze), ville natale du père. Très jeune, Henri s’engage dans une ferme en tant que commis, à quelques kilomètres de la maison familiale de Beaulieu. En raison des rapports tendus entre lui et leur père, sa petite sœur Georgette (née en 1937) se rappelle ne l’avoir vu que deux fois dans sa vie : « La première, j’avais 4 ou 5 ans, lors d’une de ses rares venues à la maison. La seconde, c’était sur la place de Beaulieu, le jour de son entrée dans le maquis. » Un document des archives de l’Armée Secrète indique que Henri avait demandé qu’en cas de décès, on prévienne Rémi, son petit frère né en 1931. Ce dernier n’avait que 13 ans et demi le jour de la mort de son aîné… Durant quatre-vingts ans, Georgette a précieusement conservé une photo d’Henri et une autre où figurent ses deux frères et leurs parents.

Archives :   Acte de naissance   Acte de décès   Photo famille Combe   

Gaston Candes

Né le 21 octobre 1924 à Altillac (Corrèze) – Mort pour la France à l’âge de 19 ans et 9 mois

Né dans la ferme familiale de Fontmerle, village de la commune d’Altillac, Gaston est le plus jeune des cinq « Morts pour la France » des Murels. Engagé le 15 juillet 1944, il se destinait à être maçon. D’après les souvenirs de sa voisine Madame Jeanine Thiers (15 ans à l’époque), il serait revenu en toute discrétion, la veille de l’embuscade, fier de montrer sa mitraillette à ses parents et à Louis, son petit frère de 17 ans. Il les aurait quittés en lançant un confiant : « On les aura ! ». Selon un document de l’Armée Secrète, les soldats allemands l’auraient blessé puis achevé.

Sa cousine germaine, Denise Mons (née Candes, 12 ans au moment des faits) a précieusement conservé jusqu’à son décès en 2014 la photo d’Henri, qui nous a été transmise par les enfants de Denise.

Archives : Acte de naissance   Acte de décès   Engagement AS   Inscription verso portrait   

Le mémorial


Le monument aux morts a été édifié dès la fin de la guerre.
La table pédagogique a été installée en 2024 et inaugurée lors de la cérémonie commémorative du 28 juillet 2024 par Monsieur Sébastien Meilhac, maire d’Albussac et son conseil municipal, en présence notamment de Monsieur François Hollande, ancien président de la République, député de la Corrèze. 




– La table pédagogique –

Table pédagogique

– Les photos de la cérémonie d’inauguration –

  • Les familles des victimes

    Les archives

    Bibliographie et sources

    Sites Internet

    Bibliographie

    • Vieux passé d’Albussac du Dr. Albert Massonie, Imprimerie Maugein-Lachaise (1990), p. 97 

    • Des hommes… Un combat… Une victoire de A. Lacaux, ex-commandant J. Moune, Editions Georges Michel (1978), p.82

    Réalisation

    • Recherches, Conception et Textes :
      Comité consultatif “Tourisme et Patrimoine” : Sébastien Meilhac – Guillaume Trémouille – Damien Laurensou – Nicolas Eyrolle – Christian Rigal – Marie-Claudine Salesse – Marie-Hélène Servantie (textes tables pédagogiques)

    • Conception graphique de la table pédagogique :
      ABna-Print – Beynat

    • Mobilier table pédagogique :
      Dupuy soudage – Lagarde-Marc-la-Tour